dimanche 12 octobre 2008

Quelques considérations désorganisées


proposition de départ : le théâtre comme sport collectif. élucubrations diverses.

idée d'équipe, de direction commune ; l'acte collectif (le jeu) met en valeur l'individu (le comédien), qui, même lorsqu'il brille individuellement, sert le but commun (ou du moins il essaie)

Accompagner le porteur de balle, le soutenir. Concrètement, on irait vers une sorte de théâtre total - plus de mouvements individuels, à inscrire dans un mouvement global - collectif.
Difficulté de ce genre de théâtre - déroutant, fatigant. Il s'agit réellement de chorégraphier les mouvements individuels pour ne pas avoir d'action parasites.

L'ensemble, comme système contraignant (une place à chacun), n'existe que pour permettre les permutations et variations nécessaires à provoquer le déséquilibre ; car il en va en football comme en théâtre ou dans tout art narratif ; les ruptures sont essentielles, le déséquilibre est vital, ne serait-ce que pour son effet de surprise (donc spectacle ; dose de surprise et de mystère nécessaire à tout art (Bacon) ; idée de dérouter (faire peur) tout en gardant une cohérence globale nécessaire à la bonne conduction de la narration (émotion, grossièrement, 'faire rire' (1)).
On pense à Kandinsky ("être toujours autre part") ; mais c'est bien le système qui permet la grande efficacité des variations. (On peut ensuite passer des heures à causer de variations, de système, d'équilibre entre les deux, allant jusqu'à par exemple proposer un système de variations, à l'instar d'un Jacques le fataliste).

Enfin, de l'importance du soutien - le Caravage, qui souvent introduisait un personnage-spectateur dans ses compositions, simplement pour mettre en relief la force de la scène, la dramatiser ; et le napolitain partage ceci avec Raimu qui, voulant éduquer un jeune comédien, lui enseigne d'abord un 'truc' pour faire rire la salle sur une réplique précise - inévitablement, le comédien l'utilise, et la salle rit ; le lendemain, rebelote, mais personne ne rit. Sortant de scène, troublé, le comédien demande à Raimu ce qui a cloché - Raimu répond alors que si la salle n'a pas ri, c'est que lui-même ne voulait pas qu'elle rie ; et, par son attitude, il a désamorcé la réplique, truc ou pas truc. C'est dire l'importance qu'ont les regard, positions les plus anodines sur une scène, et leur impact sur les spectateurs ; c'est dire aussi, bien sûr, le talent de Raimu.



(1) "l'art, c'est ce qui fait un peu peur et un peu rire" - Dubuffet. Vision raccourcie d'Eros et Thanatos, donc.

Aucun commentaire: