mercredi 12 novembre 2008

Esteban Cambiasso 2006, Argentine - Serbie : le but idéal ?

une action parfaite comme on en voit peu, ici . Coupe du monde 2006, phase de groupes, l'Argentine est une des équipes les plus agréables à voir évoluer - elle ne gagnera bien sûr pas la coupe, comme si c'étaient les meilleurs qui allaient toujours au bout.

Sur l'action du but, on notera deux phases : une phase, lancinante, peu rythmée, de conservation du ballon. C'est la phase qui demande de la disponibilité collective, mais pas nécessairement de virtuosité technique.
La seconde phase commence par une déviation à une touche de balle, qui déséquilibre immédiatement le bloc adverse, habitué depuis de longues minutes à un jeu de passe posé et latéral. Le déséquilibre est prononcé, et il ne sera jamais compensé, pour la raison suivante : à l'extrême disponibilité collective dont on a parlé s'ajoute d'un coup une prise de risque individuelle sur chaque ballon, facilitée par la qualité technique de chacun des Argentins. Ensuite, on s'engouffre dans les espaces produits du déséquilibre, de manière assez virtuose puisque inattendue et exécutée rapidement. Quand l'inspiration est servie par une technique collective et individuelle forte, le résultat est imparable.

C'est donc à cela que se résume ce but idéal : un système qui permet à l'individu de prendre les risques qui finalement lui profitent, au système. Le bon équilibre entre collectif et individu, finalement ?
On arrive à l'absurdité suivante, dans un monde où l'individu prime : qui louer, pour cette action dite parfaite ? Le buteur, pour son bon appel de balle dans l'intervalle laissé par les défenseur ? Le déviateur, qui déclenche réellement l'action ? Le talonneur ? L'entraîneur, qui rend tout cela possible ? Par facilité ou habitude, on louera donc le buteur - preuve même dans le titre de cet article. Mais c'est regrettable, et on en arrive au point que chaque année, le ballon d'or (récompense individuelle suprême) est remis à un joueur offensif, ailier, avant-centre, buteur. (en 2006, justement, ce ne fut pas le cas : Fabio Cannavaro, défenseur de l'Italie, parce qu'il est d'usage de récompenser un champion du monde l'année de son titre, et que ce n'est pas son attaque qui a fait gagner l'Italie. Comme disait je ne sais plus qui, un match se gagne grâce à l'attaque, un championnat grâce à la défense)

On stigmatise donc le but et le buteur (on ne montre que ça dans les résumés, y comrpis dans les émissions de 'spécialistes'), en arrivant à l'idée préconçue qu'un match se soldant par un 0-0 est forcément un mauvais match, puisque héhé, ya pas eu de but. La finalité du football - le but, qui sanctionne théoriquement une action réussie - se substitue à son essence - le jeu - chez la majeure partie des amateurs de football. On recherche désormais l'efficace, et on tend à accepter qu'une grande équipe, ce n'est plus l'Ajax de Cruyff, qui ne savait pas faire passer le jeu après l'efficacité, mais qui était tout de même efficace, mais c'est un Chelsea ou un Real Madrid, une équipe qu'on reconnaît parce que, je cite, elle gagne même quand elle joue mal. bonjour tristesse.

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